Editorial

Il y a des jours, des semaines, des mois qui sont vraiment plus intenses que d’autres, qui marquent comme un virage. Ce mois d’avril 2013 semble avoir été de ceux là !

Voir Victorin Lurel, ministre des Outre-Mer du moment, mais aussi ancien président du conseil régional de Guadeloupe, parapher, au nom de la France, en présence de l’actuelle présidente de la Région Guadeloupe et de ceux de Martinique et de Guyane, l’adhésion de ces pays en leur nom propre à l’Organisation des Etats de la Caraïbe (AEC), est historique à plusieurs titres.

« François Hollande n’a pas renversé la table, alors qu’on s’attendait à ce qu’il le fasse ! » : voilà un surprenant commentaire formulé par un confrère après la prestation télévisée du chef de l’Etat.

Nous manquons quelques fois de courage : dans notre numéro du mois de mars, nous mettons en lumière, un peu par hasard, trois malaises qui méritent qu’on s’y attarde.

La Guadeloupe, la Guyane et la Martinique foisonnent d’études en tout genre sur beaucoup de sujets qui sont la preuve que nous sommes plutôt performants en matière de création intellectuelle. Pourtant, elles s’entassent dans les tiroirs, ne trouvant aucune volonté suffisante pour les rendre réelles.

« Nous avons fait le choix de la stabilité cette année afin de prendre le temps d’évaluer ces dispositifs et de les adapter à la double exigence de bonne utilisation des deniers publics et de financement de nos économies » : lors de l’assemblée générale de la Fédération des entreprises des DOM, Victorin Lurel, ministre des Outre-mer, a donné le ton.

« Les Antilles-Guyane ont créé les conditions de leur crise de subprimes personnelle » : c’est un banquier qui l’a déclaré lors de notre dossier sur la crise qui frappe le secteur immobilier des Antilles françaises, et qui guette la Guyane (p38).

La crise a beau sévir, le cadeau d’entreprise en fin d’année garde une place de choix dans le budget des sociétés. Voilà pourquoi.

Quand arrêterons-nous d’être que des pompiers d’une situation que nous entretenons par notre non-action ?

Nos territoires, comme le reste du monde, sont traversés par une lame de fonds qui craquelle les positions acquises et les répartitions un peu trop bien organisées. Elle charrie avec elle une instabilité dérangeante pour ceux pétris de certitudes. Pourtant, il faudra bien se résoudre à sortir des rigidités pour laisser place à la souplesse et à l’adaptabilité. Ce sont là des caractéristiques liées à la jeunesse : misons sur elle, et singulièrement aux Antilles-Guyane !

Entendre José Manuel Barroso, Président de la Commission européenne, déclarer lors du second Forum des régions ultrapériphériques, que « les RUP élargissent l’horizon de l’Europe dans les zones les plus dynamiques du monde » relève du bonheur absolu ! Ne soyons pas naïfs

C’est ce à quoi nous a invité pendant deux jours Didier Le Bret, Ambassadeur de France en Haïti, sur cette grande île de la Caraïbe.

Dans cette période de bouleversements économique et politique, la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane paraissent à l’arrêt.

La semaine dernière a été remis les Premiers Prix André Aliker, du nom ce journaliste, militant communiste, qui a été assassiné en 1934 en Martinique dans des conditions qui ne sont toujours pas élucidées.

Alors que nous nous apprêtons à nous délecter avec le contenu des programmes des candidats aux élections législatives qui, malheureusement quelque fois, manquent un peu de hauteur de vue, non loin de nos rivages, les esprits sont en mouvement.